25 000 mégots ! C’est ce qu’on a ramassé en seulement une semaine dans différents lieux emblématiques de la ville de Dijon.
Cette action, menée donc sur une durée de 7 jours début juin a été réalisée selon le principe suivant : on a ramassé chaque jour le nombre de mégots correspondant au nombre d’abonnés qu’on avait sur notre page Instagram le matin même. Commençant la semaine avec 3 353 abonnés (et donc 3 353 mégots ramassés le premier jour), et la terminant avec plus de 3 800 followers, ce sont plus de 25 000 mégots qui ont été collectés par nos soins dans les rues de Dijon, en seulement une semaine !
Les lieux nettoyés ? Les abords du Lac Kir, le parc de la Toison d’Or, le Jardin Japonais, le Port du Canal, l’Université, ou encore le Jardin (et la Place) Darcy.
Action ramassage de mégots : objectifs et bilan
L'équivalent de 4 piscines olympiques épargnées
La finalité de cette action était de sensibiliser à la pollution des mégots, que l’on retrouve absolument partout dans nos rues. En effet, chaque mégot qui est jeté par terre risque d’être poussé par les eaux de pluie jusque dans les égouts, et de finir sa course dans une rivière puis dans la mer.
À savoir qu’un mégot qui finit dans l’eau libère de nombreuses substances toxiques (mercure, plomb, arsenic, ammoniac, nicotine, …), polluant à lui seul près de 500 litres d’eau.
Avec nos 25 000 mégots ramassés, on a donc évité la pollution de 12,5 millions de litres d’eau, soit l’équivalent de 4 piscines olympiques.
Rappelons aussi que les filtres de cigarettes sont une source majeure de pollution plastique des mers et océans dans le monde, et que même sans finir dans une rivière, un mégot et son filtre mettent près de 12 ans à se dégrader dans la nature, polluant alors les sols.
Impliquer les gens dans l'action, et sensibiliser même au-delà
En plus de sensibiliser à la pollution des mégots de cigarettes, cette action était donc aussi l’occasion d’agir de manière concrète et impactante, en impliquant les gens dans ce ramassage. En effet, il suffisait de suivre notre page Instagram, pour que l’on ramasse dès le jour suivant un mégot de cigarette en plus en votre nom !
Enfin, cette action nous a bien sûr permis d’intéresser et d’attirer sur notre page de nouvelles personnes, ce qui nous permettra par la suite de continuer à les sensibiliser sur de nombreux autres sujets en lien avec nos moyens d’action contre le réchauffement climatique et les diverses pollutions nuisibles à l’environnement.
Relais et soutien de l'action
L’action a été relayée localement notamment par la page Instagram « J’aime Dijon », ou encore par le journal local Le Bien Public, qui nous a consacré un article, et même carrément sa « une » du 6 juin !
Ayant commencé l’action seul les premiers jours, puis accompagné de quelques amis, j’ai reçu de nombreux messages de soutien et plusieurs personnes ont même décidé de venir m’aider lors du dernier ramassage dans le Parc Darcy.
Les solutions de recyclage des mégots
Mais alors que sont devenus les mégots ramassés ? J’ai contacté plusieurs entreprises qui dépolluent et recyclent les mégots pour en faire notamment des isolants, du mobilier urbains (bancs, …), ou encore des panneaux de sensibilisation. Seulement, aucune de ces entreprises n’était de la région, et toutes ne pouvaient reprendre les mégots ramassés que si je leur payais le transport et la dépollution des mégots.
Ces solutions sont géniales pour les entreprises et les collectivités, mais ne correspondaient pas à mon besoin dans le cadre de cette action (je cherchais évidemment à ce que les mégots soient repris gratuitement).
J’ai alors reçu une proposition d’une association située dans le sud (je ne peux pas en dire trop), qui organise elle aussi des collectes et qui serait en mesure de faire incinérer nos mégots, produisant du même coup de l’électricité. C’est donc vers cette solution que je vais probablement me tourner.
Des solutions pour faire cesser la pollution aux mégots
Au-delà de cela, cette collecte a été l’occasion de mener une réflexion sur ce qu’il faudrait mettre en place pour que les gens arrêtent de jeter leurs mégots de cigarettes par terre.
Plus de poubelles : une solution coûteuse et peu efficace
La solution que l’on a souvent entendue est que la ville devrait mettre disposition plus de poubelles. Une solution qui nous parait très inefficace, en plus d’être extrêmement coûteuse.
En effet, même avec plus de poubelles, il n’est pas du tout garanti que les gens jettent leurs mégots au bon endroit (je pense notamment à ceux qui fument au volant). Et puis soyons réalistes, on ne peut pas non plus mettre des poubelles partout, jusque dans la campagne.
Les cendriers de poche, la solution accessible à tous les fumeurs
Cette option écartée, le plus efficace reste probablement que chaque fumeur ait un petit cendrier de poche. On en trouve pour seulement quelques euros, moins cher même qu’un paquet de cigarettes.
Ça ne prend presque pas de place, c’est facile d’usage, et ça évite une pollution énorme. C’est une solution sur laquelle chacun de nous a le contrôle, et qui est facile à mettre en place.
La consigne, solution valorisante et potentiellement efficace
L’autre idée qui ressortait de cette réflexion qu’on a pu mener pendant cette semaine de ramassage, c’est celle de la consigne. Les mégots de cigarettes pourraient être consignés, et les fumeurs pourraient recevoir une rétribution de 50 centimes (par exemple) en échange des mégots qu’ils rapportent aux bureaux de tabac.
Ce seraient alors les buralistes qui se chargeraient de collecter les mégots. Les entreprises de recyclage spécialisées passeraient les chercher régulièrement, et une partie du prix du paquet financerait le transport et la dépollution des mégots, de sorte à ce que les buralistes n’y perdent rien.
Avec un fonctionnement de ce type, les fumeurs seraient encouragés et récompensés pour leur civisme, ce qui pourrait fournir bien plus de résultats que l’amende de 68€ aujourd’hui à laquelle on s’expose en jetant un mégot par terre (ce qui n’est à l’évidence pas très dissuasif quand on voit le nombre de mégots dans les rues).
Remerciements
Au-delà de tout ça, nos imaginaires et les normes dans lesquelles on vit doivent évoluer. Jeter son mégot par terre pourrait légitimement devenir socialement « mal vu », ce qui dissuaderait certainement beaucoup de gens de le faire.
J’espère que cette action amènera, même très localement, à une certaine prise de conscience de l’ampleur de la pollution aux mégots, et de l’impact de ces déchets sur l’environnement.
Un grand merci avant tout à Iris, Jo, Gatien, Anne-Sophie et Lorène qui sont venus mettre les mains dans le cambouis avec moi en participant à ce ramassage !!
Ne connaissant que deux d’entre eux avant cette action, ça a été vraiment génial pour moi de voir qu’une initiative comme celle-ci pouvait même motiver des personnes qui ne se connaissaient pas, à se rassembler pour agir dans les rues de notre ville contre une pollution qui en plus d’être dérangeante et facilement évitable, a un énorme impact environnemental !
Merci aussi à tous ceux qui se sont arrêtés pour discuter avec nous dans la rue, toujours dans un bon esprit et pour nous encourager. Sans oublier ceux qui nous ont même offert des boissons pendant le ramassage comme l’ont fait les gérants du bar et du manège du Jardin Darcy !
À l’occasion, allez prendre un verre chez eux, ils sont adorables !
Enfin, on remercie bien sûr tous ceux qui ont partagé notre initiative sur les réseaux sociaux, qui en ont parlé autour d’eux ou qui nous ont donné de la visibilité d’une manière ou d’une autre. C’est ce qui a permis à cette action de toucher un maximum de monde et de sensibiliser un large public vis-à-vis de la pollution aux mégots.