Dépasser le triangle de l'inaction

Le réchauffement climatique est un phénomène de grande ampleur, qui s’observe au niveau mondial et face auquel on peut facilement se sentir impuissant. En effet, on peut penser que nos actions individuelles ne changeront rien, ce qui amène une forme de résignation face à l’aggravation du dérèglement climatique.

Et pourtant, on a tous bien plus de pouvoir pour faire changer les choses qu’on ne l’imagine !! Vous n’êtes pas convaincu ? Alors prenons un par un les principaux points bloquants qui amènent encore aujourd’hui trop de gens à penser qu’ils ne peuvent rien faire face au réchauffement climatique !

Penser que le changement doit venir du gouvernement

Le gouvernement agit en fonction des pressions qui s’exercent sur lui. Le problème qu’il rencontre est que l’écologie est un sujet clivant. Le « rapport de force » est encore aujourd’hui beaucoup trop équilibré entre les citoyens qui veulent du changement et ceux qui s’y opposent, soit parce que c’est pour l’instant peu compatible avec leur mode de vie ou leurs besoins pour exercer leur métier, soit pour protéger leurs intérêts.

Malheureusement, ni les ministres, ni les députés que l’écologie n’intéresse pas (ne mettons pas tout le monde dans le même panier) ne vont se réveiller un matin en se passionnant pour la protection de l’environnement. Leur prise en compte des enjeux environnementaux ne pourra être motivée que par les attentes d’un maximum de Français de voir leur gouvernement prendre les dispositions nécessaires pour une transition écologique efficace et rapide.

Même chose pour le budget de l’État, il est distribué en grande partie en fonction de nos attentes et de nos priorités. On a pu le constater ces derniers mois avec la question du pouvoir d’achat, des chèques énergie ou encore de la réduction du prix de l’essence sous les 2€ par litre. Les budgets alloués au développement des infrastructures de transports durables (pistes cyclables, transports en commun, …), aux énergies renouvelables et à la rénovation des milliers de passoires thermiques ne pourront donc être véritablement augmentés que si la lutte contre le réchauffement climatique devient réellement une priorité.

Si on ne peut donc pas compter sur une prise de conscience soudaine du gouvernement qui le pousserait à agir rapidement, nous avons heureusement des moyens d’actions pour le pousser à accélérer ! Ces moyens d’actions peuvent paraître peu efficaces à court terme, mais ils porteront forcément leurs fruits à moyen et long termes :

  • S’informer sur l’écologie et modifier nos modes de vie :

A-t-on vraiment besoin d’attendre que des lois nous contraignent pour commencer à prendre, chacun individuellement, de bonnes habitudes vis-à-vis de l’environnement ? Evidemment que non ! 😊

Plus on sera nombreux à faire évoluer nos modes de vie, plus il y aura de pression sur le gouvernement pour nous aider à réduire encore plus notre impact environnemental, et moins il y aura d’opposition contre les projets de lois en faveur de la protection de l’environnement.

  • Sensibiliser les gens autour de nous :

Sensibiliser notre famille, nos amis, notre conjoint(e), nos collègues, un passant dans la rue, n’importe qui !! On peut sensibiliser par le partage d’informations bien sûr, et on essaiera de vous en fournir un maximum.

Mais le meilleur moyen de sensibiliser reste de notre point de vue la sensibilisation par l’exemple. En faisant évoluer votre mode de vie, votre entourage réfléchira forcément aux raisons qui vous poussent à le faire et pourra choisir (ou non) d’en faire autant.

Quoi qu’il en soit, ça aura le mérite de les faire réfléchir ! Vos proches deviendront probablement plus sensibles à la cause environnementale. S’ils faisaient partie de ceux qui s’opposent d’une manière ou d’une autre à la transition écologique, cela les amènera peut-être à reconsidérer certaines de leurs positions.

  • S’engager sur son temps libre pour la protection de l’environnement :

Pour ceux qui souhaitent aller plus loin pour faire valoir leurs idées en faveur de l’écologie, de nombreuses solutions existent. Participer aux marches pour le climat (pacifiques évidemment), à des actions citoyennes (ramassages des déchets dans des espaces naturels, …), s’engager dans une association pour la protection de la biodiversité, …

Toutes ces actions participent à montrer au gouvernement l’importance croissante des préoccupations liées à l’environnement pour les Français, et augmentent de fait la pression qu’il subit pour faire évoluer les choses dans le bon sens.

En étant de plus en plus nombreux à attendre du gouvernement des actions concrètes pour la protection de l’environnement, petit à petit les lois évolueront et les infrastructures nécessaires (notamment de transports responsables et de production d’énergies renouvelables) seront mises en place. La vitesse à laquelle cela se fera dépendra (selon nous) en grande partie de combien nous serons à souhaiter et à demander ces changements.

Penser que le changement doit venir des entreprises

Si certaines entreprises (souvent de taille réduite) peuvent évoluer de leur propre initiative, c’est tout de suite plus compliqué pour les grandes entreprises et pour toutes celles qui ont des actionnaires. Pour ces dernières, la recherche de la maximisation du profit passe généralement avant les préoccupations écologiques. Pourtant, elles peuvent quand même évoluer :

  • En interne :

La prise de conscience de certains salariés peut amener des remises en question et permettre certaines évolutions. Mais cela reste généralement largement insuffisant, car la préoccupation principale de la direction est de maximiser le profit de l’entreprise, contenter les actionnaires et gagner des parts de marché. Et on ne le critique pas ! Les entreprises sont en compétition sur leurs marchés, on peut comprendre qu’elles cherchent à gagner du terrain sur leurs concurrents.

  • Grâce à l’évolution des lois :

C’est un moyen très efficace de faire évoluer les entreprises. Mais on vous renvoie à ce qu’on disait dans la section précédente, le gouvernement et les députés ne vont pas se passionner soudainement pour l’écologie !

  • Grâce à l’évolution des attentes des consommateurs :

Avec les moyens de communication dont on dispose aujourd’hui, les consommateurs ont pris l’avantage à tel point que c’est maintenant la demande qui guide l’offre. Les entreprises qui manquent d’éthique peuvent du jour au lendemain se faire épingler sur les réseaux sociaux, subir un boycott et voir leurs résultats s’effondrer.

Mais sans aller jusque-là, vous pouvez déjà pousser les entreprises à changer en vous détournant de certains produits pour favoriser (dans la mesure du possible) l’achat de produits conçus en matières recyclables, fabriqués et vendus en circuits courts, dans le respect du droit des travailleurs et en toute transparence, …

On parlait plus tôt de la part de marché que les entreprises cherchent logiquement à gagner sur leurs concurrents. A chaque fois qu’une personne se détourne d’une marque peu vertueuse, cette entreprise perd un fragment de part de marché (au profit éventuellement d’autres entreprises plus responsables). Elle n’a ensuite pas d’autres choix que de s’améliorer et s’adapter aux nouvelles attentes des consommateurs pour espérer les faire revenir.

De notre point de vue, ce sont donc les consommateurs qui ont le plus de pouvoir pour pousser les entreprises à évoluer. Là aussi, changer nos modes de vie et sensibiliser autour de nous restent, à notre sens, les deux meilleurs moyens d’actions pour faire évoluer les entreprises.

Se dire qu’on changera quand les plus riches arrêteront de polluer autant

Effectivement, c’est assez insupportable de se dire qu’on doit faire des efforts pour réduire notre impact environnemental, tout en voyant des influenceurs ou autres personnes très fortunées qui prennent leurs jets privés aussi souvent qu’on prend le bus ou le métro, qui ont une empreinte carbone 20 fois supérieure à la nôtre et qui n’ont aucune envie de changer.

Ces gens font globalement partie de ceux qui s’opposent à la transition écologique sur certains points cruciaux, pour protéger leurs intérêts. Malheureusement, on ne peut donc attendre que très peu de prises de conscience de leur part. Pour faire changer leurs comportements (au moins quand ils sont en France), il faut donc les contraindre grâce à des lois. Et c’est reparti ! On en revient encore une fois à ce qu’on disait plus tôt sur le gouvernement et sur le fait qu’il faut faire pression sur lui pour qu’il fasse évoluer les lois dans le bon sens !

Mais aussi désagréable que cela puisse être, on voit bien qu’attendre que les plus riches changent avant de commencer à faire soi-même des efforts pour l’environnement n’est pas non plus une solution viable.

Se dire qu’on changera quand les autres pays feront plus d’efforts en matière d’écologie

C’est une des phrases qu’on entend encore trop souvent : « la France, c’est même pas 1% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, on n’est qu’une goutte d’eau, nos actions ne servent à rien au niveau mondial ». Ça c’était la version soft. La version moins soft, qu’on peut entendre presque aussi souvent, c’est « Va demander aux Américains et aux Chinois d’arrêter de polluer avant de venir m’emmerder ».

Deux choses pour répondre à ces arguments :

  • La France, responsable d’1% des émissions mondiales de gaz à effet de serre territoriales :

Pour être plus précis, la France est responsable d’environ 0.9% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) sur l’année 2019. Ce chiffre est vrai si on ne prend en compte que les émissions territoriales, c’est-à-dire la quantité de gaz à effet de serre émis sur le territoire Français au cours de cette année.

Ce qu’on oublie de dire, c’est que ce chiffre est celui de l’inventaire national, et non pas de l’empreinte carbone. Il ne prend donc pas en compte toute la pollution causée par la production et le transport des produits importés pour être vendus en France. Pollution que l’on remet au passage sur le compte des pays qui nous fournissent ces produits, et qui est largement supérieure à la pollution liée à nos exportations, que l’on prend en compte dans les 0.9%. Compte tenu de cela, nous serions plutôt responsables en réalité d’environ 1.4% des émissions mondiales de GES sur l’année 2019 selon les données du Haut Conseil pour le Climat. Et 1.4% des émissions pour un pays qui représente 0.8% de la population mondiale, c’est problématique.

empreinte-carbone-France-2019

Source : Rapport « Maîtriser l’empreinte carbone de la France » du Haut Conseil pour le Climat

On voit donc bien qu’il est beaucoup trop facile de demander aux autres pays de réduire leurs émissions de GES, tout en faisant fabriquer nos produits chez eux et en les tenant responsables de la pollution que cela engendre.

  • Nous sommes encore loin d’être exemplaires :

La deuxième chose, c’est que la France est encore loin d’être une référence mondiale en matière d’écologie. Sur l’année 2019, un Français émettait en moyenne 9.9 tonnes de CO2eq selon l’agence Carbone 4. Or d’après les données du 3e volet du dernier rapport du GIEC, pour que nous suivions une trajectoire qui pourrait nous permettre de limiter le réchauffement climatique à moins de 2°C d’augmentation d’ici la fin du siècle, nous devons dès les prochaines décennies réduire nos émissions de gaz à effet de serre à moins de 2 tonnes de CO2eq par personne et par an.

Vous avez fait le calcul, on parle bien de réduire nos émissions de 80% !! Vous imaginez donc le coup de frein énorme que cela nous demande par rapport à ce que l’on émet encore actuellement. Plus de précisions pour comprendre cet objectif dans notre article « Simuler son empreinte carbone ».

9.9 tonnes d’équivalent CO2 par personne et par an, c’est beaucoup trop. Difficile de montrer les autres pays du doigt alors que nous sommes pour l’instant nous-mêmes trop loin d’être exemplaires.

Le changement doit venir de nous

Vous l’avez compris, tout discours qui consisterait à dire « je changerai mes habitudes quand … (les entreprises, le gouvernement, …) changeront » n’est source que d’inaction climatique et n’apporte aucune solution. L’urgence climatique est une réalité qui se fait déjà pressante, et on n’a plus le temps de chercher à savoir qui doit agir en premier.

Nous devons très rapidement chercher à tendre vers l’objectif des 2 tonnes d’équivalent CO2 émises par personne et par an. Alors certes, on ne peut pas contrôler les actions des autres. Mais on peut déjà s’assurer chacun individuellement de faire notre part d’efforts pour atteindre cet objectif. Le fait de montrer l’exemple, voir de s’engager pour l’environnement, amènera d’autres personnes à s’informer et à faire évoluer leur façon de vivre. Et puis rassurez-vous, adopter un mode de vie plus responsable ne rendrait pas moins heureux (ce serait même l’inverse selon certaines études) !

Nous faisons face à un défi à la fois immense et magnifique, que beaucoup voient comme le défi du siècle : celui de faire évoluer en profondeur notre société pour conserver une planète vivable pour les générations à venir. A travers Conscience Eco, on espère vous amener un maximum d’informations pour vous aider à être acteur de cette transition !

Une petite citation pour terminer cet article, citation qui prend tout son sens encore aujourd’hui :

"Soyez le changement que vous désirez voir dans ce monde"
Gandhi

Publication : août 2022.

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