En vous informant sur l’écologie ou en simulant votre empreinte carbone, vous avez peut-être remarqué qu’on utilise souvent une unité un peu particulière pour quantifier les émissions de gaz à effet de serre : l’équivalent CO2.
Mais alors, qu’est-ce que c’est que cette unité ? Qu’est-ce qu’elle désigne exactement ? Et à quoi elle sert ? On vous explique tout !
L’équivalent CO2, l’unité de mesure des émissions de gaz à effet de serre
Pourquoi a-t-on créé l'équivalent CO2 ?
Pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre efficacement, nous devons nous fixer des objectifs qui prennent en compte les émissions de tous les gaz à effet de serre (dioxyde de carbone, méthane, protoxyde d’azote, …).
Mais pour fixer des objectifs précis et cohérents, il faut pouvoir comparer les gaz à effet de serre entre eux et déterminer des seuils d’émissions annuelles à ne pas dépasser. Et c’est là que les experts ont eu un problème : les différents gaz à effet de serre n’ont pas le même pouvoir de réchauffement !
Qu’est-ce que ça veut dire ? Et bien tout simplement qu’un kg de dioxyde de carbone (CO2) émis dans l’atmosphère ne génère pas autant d’effet de serre (et donc ne réchauffe pas autant le climat) qu’un kg de méthane ou de protoxyde d’azote par exemple.
Face à ce constat, le GIEC (Groupement d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat) a créé une nouvelle unité de mesure : l’équivalent CO2. Cette unité place tous les gaz à effet de serre sur une même échelle, comparant le pouvoir de réchauffement de chaque gaz avec celui du CO2, qui sert alors de référence.
Le pouvoir de réchauffement global (PRG) des gaz à effet de serre
Comme on l’a dit à l’instant, chaque gaz à effet de serre a un pouvoir de réchauffement qui lui est propre. Mais ce n’est pas tout. Chaque gaz a aussi son propre temps de résidence dans l’atmosphère. Le temps de résidence (ou la durée de séjour) d’un gaz dans l’atmosphère, c’est le temps qu’une molécule de ce gaz passe (en moyenne) dans l’atmosphère avant d’en être retiré d’une manière ou d’une autre, ou de changer de forme.
Quand on compare le pouvoir de réchauffement global (PRG) de différents gaz à effet de serre, il faut donc le faire sur une période définie. En général, on donne les PRG des différents gaz sur une période de 100 ans. C’est-à-dire qu’on va comparer les gaz en se demandant : si on ramène son impact total sur 100 ans, l’émission d’un kg de tel gaz (méthane, protoxyde d’azote, …) génère autant d’effet de serre que combien de kg de CO2 en 100 ans ?
Peu importe la période choisie, on prend toujours le CO2 comme référence ; c’est-à-dire qu’on compare toujours le PRG des autres gaz à celui du CO2. Le PRG du CO2 est donc forcément de 1.
Source : Backcarbone
Interprétons ce tableau :
- Le méthane (CH4) a un PRG de 25. Cela signifie que l’effet de serre généré par 1 kg de méthane sur l’ensemble de sa durée de séjour dans l’atmosphère (12 ans en moyenne), est équivalent à l’effet de serre généré par 25 kg de CO2 sur 100 ans.
- Le protoxyde d’azote (N2O) a un PRG de 298. Suivant la même logique, l’effet de serre généré par 1 kg de protoxyde d’azote sur l’ensemble de sa durée de séjour dans l’atmosphère (114 ans en moyenne), est équivalent à l’effet de serre généré par 298 kg de CO2 sur 100 ans.
- Les PRG de certains gaz fluorés peuvent dépasser 10 000, voir 20 000 ! C’est dire à quel point ce sont de puissants gaz à effet de serre.
Le cas particulier de la vapeur d'eau
La vapeur d’eau (H2O) est le gaz à effet de serre que l’on retrouve le plus dans l’atmosphère de la Terre. Cependant, les émissions de vapeur d’eau causées par l’activité humaine sont négligeables comparées à l’évaporation naturelle qui s’opère chaque jour.
Compte tenu du fait qu’on n’a pratiquement aucune prise sur la quantité de vapeur d’eau présente dans l’atmosphère, et qu’elle reste de toute façon relativement stable, il n’est pas très intéressant de calculer son PRG et de chercher à limiter nos émissions de ce gaz. D’autant plus que la vapeur d’eau a un temps de résidence très court dans l’atmosphère (de l’ordre d’une semaine) avant de revenir à la surface de la Terre sous forme de précipitations.
Les gaz à effet de serre étaient présents dans l’atmosphère de manière naturelle bien avant l’intervention de l’Homme. L’effet de serre d’origine naturelle est d’ailleurs nécessaire pour avoir une Terre vivable (plus de détails sur ce sujet dans notre article sur l’effet de serre).
Le problème ne vient pas du phénomène même de l’effet de serre, mais des émissions supplémentaires de gaz à effet de serre d’origine humaine. Ces émissions bousculent les équilibres établis, générant une accumulation anormale de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, et entrainant alors un réchauffement climatique tout aussi anormal.
Comment calculer l’équivalent CO2 ?
Une fois qu’on connait le PRG des différents gaz à effet de serre, il est très facile de passer en équivalent CO2 les émissions d’un gaz donné. L’équivalent CO2 se calcule selon la formule suivante :
Équivalent CO2 = Quantité émise d’un gaz x PRG de ce gaz
Pour obtenir l’équivalent CO2, il suffit donc de multiplier les quantités émises d’un gaz par son pouvoir de réchauffement global (on prend généralement le PRG sur 100 ans, comme présenté plus tôt).
- Sur 100 ans, 20 kg de méthane émis représentent donc 20 x 25 = 500 kg d’équivalent CO2.
- Toujours sur 100 ans, 50 kg de protoxyde d’azote émis représentent 50 x 298 = 14 900 kg d’équivalent CO2.
On trouve parfois différentes écritures pour cette unité : « eCO2 », « CO2eq » ou encore « CO2 équivalent ». Dans chacun de ces cas, c’est bien de l’équivalent CO2 dont on parle.
Ça y est, la notion d’équivalent CO2 n’a plus de secrets pour vous ! 😉 Vous avez maintenant toutes les cartes en main pour simuler votre empreinte carbone, et pour bien comprendre l’objectif de réduire nos émissions de GES à 2 tonnes d’équivalent CO2 par personne et par an ! 😊
Publication : octobre 2022.