« Pensez à fermer le robinet dès que vous ne l’utilisez plus », « privilégiez les douches aux bains », « n’arrosez pas entre 9h et 19h quand il fait chaud », … On entend de plus en plus souvent ce type de recommandations, qui peuvent même devenir des injonctions en période de sécheresse (notamment pour ce qui concerne l’arrosage).
Mais déjà, pourquoi faut-il économiser l’eau ? D’où vient l’eau que l’on utilise chez nous, et que devient-elle après utilisation ? En quoi notre consommation domestique d’eau peut-elle impacter la biodiversité locale ? C’est ce qu’on va voir dans cet article !
D’où vient l’eau du robinet ?
Avant d’être distribuée pour un usage domestique ou dans l’industrie, l’eau est pompée dans des sources naturelles. On parle ici des eaux de surface (rivières, fleuves, lacs, …) ou des eaux souterraines (nappes). La source dans laquelle est prélevée l’eau qui sort de votre robinet dépend d’où vous habitez, puisque d’une localité à l’autre les sources d’eau douce disponibles à proximité ne sont pas les mêmes.
Mais alors si elle vient des rivières ou des nappes phréatiques, elle ne doit pas être très propre en fait l’eau du robinet ? Et bien si, rassurez-vous ! Après avoir été prélevée, l’eau est acheminée dans une usine de traitement, où elle est filtrée et traitée. C’est seulement après cela qu’elle est envoyée dans le réseau de canalisations qui alimente en eau les habitations et les entreprises.
Évacuation et traitement des eaux usées
Seule une partie de l’eau utilisée par les ménages est consommée. C’est le cas notamment lorsqu’elle est incorporée à la cuisine, évaporée, utilisée pour arroser les plantes, ou tout simplement lorsqu’on la boit.
L’eau qui n’est pas consommée est simplement utilisée, puis évacuée dans le réseau dédié aux eaux usées, appelé « réseau d’assainissement ». On parle ici de l’eau utilisée pour se laver, faire la vaisselle, nettoyer notre linge, ou encore l’eau des toilettes. Après utilisation, l’eau est donc envoyée dans le réseau d’assainissement, qui la conduit jusqu’à une station d’épuration. Les stations d’épuration sont des structures dédiées au traitement des eaux usées, où l’eau passe par diverses étapes de dépollution, après quoi elle est renvoyée en milieu naturel.
Bien sûr, l’épuration de l’eau suit des normes strictes. L’eau rejetée dans nos cours d’eau doit être d’une qualité suffisante pour ne pas nuire à la biodiversité. Mais attention : à ce jour, en France, l’épuration de l’eau n’est pas considérée comme suffisante pour rendre potables les eaux usées. D’après Waterlogic, distributeur international de fontaines à eau pour les entreprises, l’usage de l’eau issue des stations d’épuration n’est autorisé en France que pour l’irrigation agricole et pour l’arrosage nocturne d’espaces verts, et seulement sous certaines conditions.
Source : Service Eau France – Le petit cycle de l’eau
Office français de la biodiversité (© sur www.ofb.gouv.fr)
Avec plus de 18 000 stations d’épuration sur son territoire, la France traite et dépollue l’ensemble (ou presque) de ses eaux usées. Ce n’est malheureusement pas le cas partout dans le monde. En effet, un article paru dans Le Monde en 2017 affirme qu’au niveau mondial, environ 80% des eaux usées seraient encore rejetées dans la nature sans aucun traitement préalable.
Pourquoi faut-il économiser l’eau ?
L’eau provenant des cours d’eau ou des lacs
Le premier volet du 6e rapport du GIEC (résumé ici par Bon Pote) révèle que le réchauffement climatique accentue les phénomènes météorologiques extrêmes. C’est le cas (entre autres) des sécheresses et des vagues de chaleur, dont la fréquence et l’intensité augmentent progressivement. A l’occasion de ce type d’évènements, le manque de pluie et la forte évaporation due à la chaleur font baisser le niveau des cours d’eau, au point parfois d’en assécher certains.
Comme on l’a dit plus tôt, l’eau qui sort de nos robinets provient d’une source d’eau douce proche de chez nous (rivière, nappe phréatique, …). Et plus on veut en utiliser, plus il faut en prélever.
Notre utilisation d’eau ajoute une pression non négligeable sur le niveau des cours d’eau, pression qui se fait particulièrement sentir en période de sécheresse. Cela peut avoir d’importantes conséquences sur la biodiversité qui dépend de ces points d’eau pour vivre et pour s’hydrater.
L’eau provenant des nappes phréatiques
Les nappes phréatiques sont d’énormes réservoirs naturels d’eau situés sous terre. Elles se remplissent principalement grâce à l’infiltration de l’eau de pluie dans les sols. Problèmes :
- La bétonisation des sols due à l’urbanisation rend des surfaces énormes complètement imperméables, empêchant l’eau de s’infiltrer
- Les sécheresses durcissent les sols. Quand la pluie arrive, plus un sol est dur, plus l’eau a de difficultés à s’infiltrer, et donc plus elle ruisselle.
La quantité d’eau contenue dans les nappes phréatiques doit être régulièrement mesurée. Nous devons nous assurer que d’une année à l’autre, nous ne prélevons pas l’eau plus rapidement que les nappes phréatiques ne se remplissent. Dans le cas contraire, nous devons réduire notre utilisation d’eau, sans quoi le risque est de finir par vider les nappes, et donc d’avoir à faire face (au moins par moments) à des pénuries locales d’eau.
L’accès à l’eau potable, une problématique locale
La quantité d’eau douce disponible varie d’une localité à l’autre et évolue avec le temps, tout comme la météo, ou encore le nombre de foyers et d’entreprises à alimenter.
Qu’est-ce que ça veut dire ? Et bien tout simplement que lors d’un été chaud et sec comme l’été 2022, si tout le monde en France utilise la même quantité d’eau, certains auront à faire face à une pénurie d’eau locale quand d’autres ne connaitront aucun problème d’approvisionnement en eau. C’est injuste, mais c’est déjà arrivé puisqu’une centaine de communes françaises n’avaient plus accès à l’eau potable début août 2022 d’après le Ministère de la Transition Écologique.
Dans la même logique, le prélèvement d’un litre d’eau dans une région qui connait une période de sécheresse a un impact environnemental largement supérieur au prélèvement d’un litre d’eau dans une région où il pleut en abondance.
Nous devons donc adapter notre utilisation d’eau, notamment en fonction de la quantité d’eau douce disponible localement et des conditions météo.
Pour finir : deux bonnes raisons d'économiser l'eau chez soi !
On a envie de terminer cet article sur une conclusion un peu plus générale et équitable ! Si vous devez retenir deux bonnes raisons d’économiser l’eau, retenez celles-ci :
- En utilisant moins d’eau au quotidien, nous augmentons nos chances de ne pas connaître de pénurie d’eau lors d’un été pauvre en précipitations.
- Moins d’eau utilisée, c’est moins d’eau prélevée en milieu naturel et donc moins de pression sur le niveau des cours d’eau. C’est aussi moins d’eaux usées générées. Rappelons que même si les eaux usées sont traitées pour ne pas être trop nocives pour l’environnement une fois rejetées, elles ne sont pas pour autant considérées comme propres à la consommation en France car certains polluants subsistent. Donc moins on en rejette dans la nature, mieux c’est !
Mais maintenant qu’on a vu tout cela, plusieurs questions se posent. Quelle quantité d’eau utilise-t-on chaque jour ? Et comment peut-on réduire efficacement notre utilisation d’eau ? C’est le thème de notre article sur l’utilisation d’eau des Français. 😊
Publication : novembre 2022.