L’eau douce est une ressource absolument essentielle à la vie humaine, ainsi qu’à celle de nombreuses espèces animales et végétales. L’économiser au quotidien permet de limiter les risques de connaître par moments des pénuries d’eau locales, mais permet aussi et surtout de réduire l’impact de notre utilisation d’eau sur l’environnement.
Mais pour réduire efficacement notre utilisation d’eau, encore faut-il savoir combien on en utilise chaque jour, et à travers quels usages. C’est le sujet de cet article, et croyez-nous, les quantités pourraient vous surprendre !!
Les usages domestiques de l’eau potable en France
Tout d’abord, vous aurez remarqué qu’on parle d’« utilisation », et pas de « consommation d’eau ». La raison à cela ? Seule une partie de l’eau que l’on utilise est consommée. « Consommée », c’est-à-dire qu’elle est évaporée, absorbée, bue, ou incorporée à un autre produit. L’eau qui n’est pas consommée est simplement utilisée, puis restituée en milieu naturel après traitement dans une station d’épuration.
En 2020, un Français utilisait en moyenne 149 litres d’eau potable par jour pour des usages domestiques, d’après l’Observatoire des Services Publics d’Eau et d’Assainissement. La tendance est légèrement à la hausse ces dernières années (144.6L/pers/jour en 2014), mais on reste largement en dessous de ce que l’on pouvait observer au début du siècle (165L/pers/jour en 2004).
Voyons plus en détail comment se répartissent, en moyenne, ces 149 litres quotidiens :
Les fuites d’eau peuvent accroître considérablement la quantité d’eau utilisée par un foyer. D’après le Centre d’Information sur l’Eau, un écoulement au goutte-à-goutte nous ferait perdre environ 4 litres d’eau par heure. Pour une chasse d’eau qui fuit, les pertes peuvent même s’élever à plus de 20 litres par heure !
149 litres par personne et par jour, ça peut déjà paraître beaucoup. Mais jusque-là, rien de vraiment surprenant. Seulement, notre utilisation d’eau douce ne s’arrête pas aux usages directs que l’on en fait chez nous, loin de là ! 😅
L’utilisation indirecte d’eau douce
Éviter de gaspiller l’eau chez soi est nécessaire, c’est indéniable. Mais il ne faut pas s’arrêter là, car les usages domestiques ne représentent en fait qu’une part minime de notre utilisation totale d’eau douce ! En fait, la majorité de notre utilisation d’eau s’effectue de manière indirecte, à travers nos achats et nos consommations.
En effet, la fabrication et le transport de nos produits du quotidien demandent l’utilisation de beaucoup d’eau douce. Si l’on tient compte de ces usages indirects, un Français utiliserait en moyenne 1875 m3 d’eau douce par an selon les chiffres du Centre d’Information sur l’Eau, soit 5136 litres par jour !! 😲
On serait tentés de croire que ce nombre est surévalué, voire même largement exagéré. Pourtant, notre utilisation journalière d’eau douce peut facilement dépasser ce seuil. C’est ce qu’on va voir en nous intéressant plus particulièrement à notre principal poste d’utilisation d’eau douce : l’alimentation.
L’utilisation d’eau douce pour notre alimentation
Les aliments d’origine animale
L’élevage nécessite énormément d’eau, parce que les animaux ont besoin de boire tout d’abord, mais surtout parce qu’ils ont besoin de manger ! On crée alors des champs dont la production sert uniquement à nourrir les animaux, ou quand c’est possible, on les emmène brouter dans les pâturages. Dans les deux cas, les parcelles concernées ont besoin de beaucoup d’eau pour générer toute la nourriture destinée aux animaux d’élevages.
Voyons plus en détails quelles quantités d’eau sont nécessaires pour la production de différents aliments d’origine animale :
A savoir quand même que ces chiffres sont contestés. L’objet des contestations : la méthode de calcul, qui inclue l’eau de pluie arrosant les champs et les pâturages. Certains (notamment dans l’industrie de la viande) considèrent que cette eau ne devrait pas être comptée dans le calcul.
Cependant, sans l’eau de pluie, nous serions obligés d’irriguer les champs et les pâturages pendant une bonne partie de l’année pour pouvoir récolter suffisamment de nourriture pour les animaux. Il semble donc pertinent de la compter ! D’ailleurs, pour ne pas biaiser notre jugement, l’eau de pluie est également prise en compte ci-dessous dans les quantités d’eau nécessaire pour produire des aliments d’origine végétale.
Les aliments d’origine végétale
Le constat est clair : la production d’1 kg de céréales, de fruits ou de légumes nécessite beaucoup moins d’eau que celle d’1 kg de viande. Végétaliser davantage notre alimentation permettrait donc de réduire fortement notre utilisation d’eau !
La méthode de calcul du Water Footprint Network
Mais alors toutes ces données, d’où elles sortent ?? Les données présentées ci-dessus proviennent du Water Footprint Network (le « réseau de l’empreinte eau » en Français). Cette organisation est un réseau international qui travaille à résoudre les crises liées à l’eau dans le monde, notamment en promouvant une utilisation intelligente de cette ressource vitale. Sa méthode de calcul prend en compte :
- L’eau verte : c’est l’eau de pluie qui s’infiltre dans les sols, avant d’être captée par les racines des plantes ou de s’évaporer.
- L’eau bleue : c’est l’eau que l’on prélève dans les cours d’eau et dans les nappes phréatiques pour l’utiliser. Une partie de cette eau est consommée (évaporée, absorbée, bue, …) lors de son utilisation. Le reste est simplement utilisé, puis envoyé dans le réseau d’assainissement pour être traité dans une station d’épuration. Après traitement, ces eaux « usées » sont restituées dans les cours d’eau.
- L’eau grise : le traitement des eaux usées dans les stations d’épuration ne débarrasse pas ces eaux de la totalité des polluants qu’elles contiennent. Avant de pouvoir les réutiliser, il faut donc diluer suffisamment les polluants pour qu’il n’en reste qu’une quantité négligeable par litre d’eau. Cette eau des lacs et des rivières qui dilue l’eau qui sort des stations d’épuration, c’est ce que l’on appelle l’eau grise.
Source : L’Iglou – https://liglou.fr/infographie/empreinte-eau/
Précisons quand même que tous les chiffres présentés au sujet de l’utilisation d’eau pour l’alimentation sont donnés à titre indicatif. Ils ne servent qu’à avoir un ordre d’idée des quantités d’eau nécessaires pour produire tels ou tels aliments. Il est évident que ces quantités varient d’une région à l’autre en fonction du climat local et des pratiques de production.
Pour avoir une idée plus précise des pourcentages d’eau verte / eau bleue / eau grise nécessaires pour la production des différents aliments, on vous invite à visiter la Product Gallery du Water Footprint Network.
⚠️ Spoiler : la grande majorité de l’eau utilisée pour l’agriculture et pour l’élevage est de l’eau verte.
Le textile, le numérique, les transports, ...
Prenons les différentes matières textiles, aussi bien d’origine animale (laine, soie, …), végétale (coton, lin, chanvre, …) ou synthétique (polyester, élasthanne, …). Que ce soit pour l’élevage, la gestion de champs ou la réalisation de procédés chimiques, nous avons besoin de beaucoup d’eau.
Même chose pour les équipements électroniques et les véhicules. Le façonnage des micropuces, des métaux et des autres matières premières nécessite aussi énormément d’eau. Les produits finis ont donc une empreinte eau considérable :
Ce sont évidemment des estimations grossières. Elles ont toutefois le mérite de nous donner un ordre d’idée de la quantité d’eau nécessaire pour fabriquer tel ou tel type de produits.
En résumé : comment réduire efficacement son utilisation d’eau ?
Les chiffres cités dans cet article peuvent paraître complètement surréalistes, on sait ! Pourtant, un Français utilise bien près de 5000 litres d’eau douce en moyenne chaque jour. Directement d’abord, de par ses usages domestiques et personnels. Mais surtout indirectement, à travers son alimentation et ses achats divers.
Pour réduire la quantité d’eau utilisée chaque jour, végétaliser davantage notre alimentation est sans aucun doute l’action la plus efficace que l’on puisse mettre en place. Prendre soin de nos appareils électroniques pour les garder plus longtemps, acheter des objets d’occasion ou reconditionnés, ou ne plus acheter de vêtements issus de la « fast-fashion » sont d’autres actions permettant de réduire fortement nos utilisations indirectes d’eau douce.
Vous aimeriez savoir combien vous, personnellement, vous utilisez d’eau chaque jour ? Un bon moyen de s’en faire une idée est de calculer son empreinte eau grâce au simulateur Empreinte H2O !
Publication : novembre 2022.