Ce n’est plus à prouver, l’aviation pollue énormément, et cela pose problème autant d’un point de vue écologique que social. Par conséquent, limiter collectivement l’utilisation de l’avion aux usages les plus essentiels représenterait une avancée majeure dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Mais alors maintenant qu’on a dit ça, qu’est-ce qu’on fait, on arrête de voyager ? Faut-il vraiment se priver de voyager en avion ? Parce qu’au final qu’on soit dedans ou pas, l’avion partira quand même, non ? On vous propose quelques axes de réflexion sur le sujet !
Les émissions de GES par passager lors d’un vol en avion
L’aviation serait actuellement responsable de près de 6% de l’effet de serre généré chaque année par les activités humaines.
Mais pour avoir une idée plus précise de l’impact d’un voyage en avion, intéressons nous plutôt aux quantités de gaz à effet de serre (GES) émises par passager pour différents vols :
Pour rappel, les spécialistes affirment que nous devons réduire nos émissions de GES à 2 tonnes de CO2eq par personne et par an dès les prochaines décennies. L’enjeu ? Limiter le réchauffement climatique à 2°C d’augmentation à la fin du siècle, par rapport à l’ère préindustrielle (années 1850-1900).
Or on constate sur cette infographie qu’un simple aller / retour en avion compromet déjà sérieusement (tout au mieux) nos chances de rester sous les 2 tonnes de CO2eq émis par an. Certains vols long-courriers peuvent même, à eux seuls, nous faire dépasser ce seuil.
Sachant cela, il semblerait pertinent de limiter notre utilisation de l’avion aux usages les plus essentiels. Et vous l’aurez compris, le tourisme n’en fait pas partie !
Donc on arrête de voyager ?
Un changement nécessaire dans notre vision du voyage
Dire qu’il faudrait arrêter de prendre l’avion, ça ne fait plaisir à personne, pas même aux militants écologistes ! Pourtant, il faut se rendre à l’évidence : prendre l’avion est tout bonnement incompatible avec un mode de vie à 2 tonnes de CO2eq émis par an, malgré tous les efforts que l’on peut faire au quotidien pour réduire notre impact environnemental.
Plus largement, difficile d’imaginer comment on pourrait contenir le réchauffement climatique sous les 2°C d’augmentation si nous ne sommes déjà pas prêts à faire des compromis sur des loisirs fortement polluants tels que les voyages en avion !
Voyager autrement
Bon, jusque-là il est vraiment pas marrant cet article 😅 Alors voyons plutôt le bon côté des choses : ne plus prendre l’avion, ça ne veut pas dire arrêter de voyager ! Le train, le bus ou encore le covoiturage (voire même le char à voile pour les plus motivés, comme le rappellerait très justement M.Galtier) permettent de voyager en limitant considérablement notre impact environnemental.
Alors évidemment, pas facile d’aller à New York, Sydney ou même Dubaï en train. Mais au fond, a-t-on vraiment besoin d’avoir chacun notre propre selfie à Times Square ? Est-ce vraiment vital d’aller faire du jetski ou du shopping dans les Emirats ? Et est-ce vraiment cohérent d’aller s’extasier devant la Grande Barrière de Corail, tout en participant à sa destruction en faisant plus de 20h de vol pour pouvoir l’admirer par soi-même ?
Evidemment que non. Depuis la France, de nombreuses destinations ne sont accessibles qu’en avion (pour un temps de trajet raisonnable). Avec 5 semaines de congés dans l’année, on n’a pas le temps de s’amuser à aller en Thaïlande en vélo ou même en train. Ne pas prendre l’avion revient donc à restreindre la liste de nos destinations potentielles. Pour autant, « partir moins loin » ne veut pas dire « prendre moins de plaisir à voyager » !
Voyager moins loin, mais pas moins bien
L’idée semble s’être répandue que plus on part loin, plus les vacances seront folles. Pourtant, il y a déjà tellement à faire en France et dans les pays alentours !! Avant d’aller voir le Taj Mahal, a-t-on seulement visité le Château de Versailles ou le Colisée de Rome ? Plutôt que d’aller voir les Chutes du Niagara, pourquoi ne pas découvrir les Calanques ou l’Andalousie ? Et au lieu d’aller faire la fête à Dublin, pourquoi ne pas sortir à Barcelone, Budapest ou Amsterdam ? 🎉🍻
Ce qu’on veut dire par là, c’est que quel que soit le style de voyage recherché, on peut trouver notre bonheur tout limitant notre impact sur l’environnement ! Si on insiste autant là dessus, c’est parce que le fait d’arrêter de prendre l’avion (ou de ne pas commencer à le prendre) est probablement l’un des choix les plus impactants que l’on puisse faire pour limiter son empreinte carbone.
Vous n’en êtes pas convaincus ? Pour mieux visualiser tout cela, rien de mieux que de simuler son empreinte carbone et de regarder le détail de ses émissions (cliquez sur « Comprendre le calcul » au moment du résultat) ! 🙂
Répondre aux arguments d'un adepte de l'avion
Quand on défend l’idée qu’il faudrait arrêter de prendre l’avion, on se heurte à quelques arguments (toujours les mêmes) venant de gens qui le prennent, et qui n’ont généralement pas très envie d’arrêter. Voyons quels sont ces arguments, et comment y répondre !
« Avec ou sans moi, l’avion décollera quand même ! »
Un grand classique ! L’argument n’est pas totalement délirant, il s’appuie sur un fond de vérité. Effectivement, si vous renoncez à prendre un Paris – Athènes la semaine prochaine pour partir en week-end, nul doute que l’avion partira quand même sans vous.
Lorsqu’une personne décide de ne plus prendre l’avion, l’impact de cette décision est minime. Mais ce qu’il faut voir, c’est que ce choix s’inscrit dans un mouvement collectif. De plus en plus de gens se rendent compte de l’impact des voyages en avion sur l’environnement, et décident de se passer de ce mode de transport.
Et si on est toujours plus nombreux à faire ce choix, les compagnies aériennes auront de plus en plus de mal à remplir leurs avions. Pour des questions de rentabilité et d’éthique, elles seront alors amenées à annuler des vols, voire à fermer des lignes, ce qui réduira le trafic aérien.
Donc effectivement, l’avion que vous pourriez prendre la semaine prochaine partira quand même sans vous. Mais en renonçant à prendre ce vol, vous participez à une prise de conscience collective (qui prend du temps, mais qui gagne du terrain !) et à la réduction du trafic aérien qui s’ensuivra, et ça c’est chouette !
« À ma place, les autres ne se priveraient pas »
Là non plus, ce n’est pas délirant. Si une opportunité de voyage (pour lequel l’avion est nécessaire) se présente à nous, on peut légitimement penser qu’à notre place beaucoup de gens l’accepteraient immédiatement, sans que cela ne leur pose un quelconque cas de conscience.
Pourtant, a-t-on vraiment d’autres choix que de montrer l’exemple si on espère que les choses changent ? En renonçant à prendre l’avion et en expliquant ce choix autour de nous, on crée un précédent dans l’esprit des gens. Après cela, nos proches, nos amis, nos collègues ne peuvent plus dire « à ma place, tous les gens que je connais auraient fait ce voyage, donc je ne vais pas m’en priver ». Ça peut avoir l’air de rien, mais c’est extrêmement important !
Suite à cela (plus ou moins longtemps après), il est d’ailleurs tout à fait possible que certaines personnes dans notre entourage décident à leur tour de ne plus prendre l’avion … 😊
« L’avion fait partie de mon mode de vie, je ne peux pas m'en passer »
Ça c’est carton rouge sans avertissement, on ne veut plus l’entendre ! En effet, plus de 80% de la population mondiale n’aurait jamais pris l’avion, essentiellement par manque de moyens. Et d’ailleurs, de nombreuses personnes dans le monde ne peuvent tout simplement pas se permettre de partir en vacances.
Sachant cela, dire qu’on ne peut pas se passer de l’avion s’apparente à un caprice de privilégié qui devient vraiment difficile à entendre dans le contexte climatique et social actuel.
L'argument des jets privés
Autre argument qui revient beaucoup : « j’arrêterai de prendre l’avion quand les millionnaires arrêteront de prendre leurs jets privés aussi souvent que je prends le bus ».
Bien sûr que c’est agaçant de voir que certains polluent à outrance, et que rien n’est fait jusqu’à présent pour les en empêcher. Mais plus on sera nombreux à ne pas prendre l’avion, moins ce sera acceptable qu’une minorité de plus en plus réduite continue à polluer autant, et donc plus il y aura de pression sur le gouvernement pour faire passer des lois contre cela.
Beaucoup de choses sont à repenser dans notre société pour arriver à des modes de vie plus respectueux de l’environnement, et le voyage n’y échappe pas. Pour autant, on l’a dit, se passer de l’avion ne veut pas dire arrêter de voyager !
Que vous soyez plutôt attirés par la mer, la montagne ou la ville, que vous aimiez les visites de monuments, les vacances festives ou les défis sportifs, les possibilités sont multiples, autant en France que dans les pays alentours ! Alors, vous voyagez comment pour vos prochaines vacances ?? 😊
Publication : novembre 2022.