Pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et participer à la lutte contre le réchauffement climatique, de plus en plus d’automobilistes décident de passer à l’électrique lors de l’achat d’un nouveau véhicule. En effet, alors qu’à peine 30 000 voitures électriques avaient été vendues en France en 2018, près de 220 000 unités ont été mises en circulation dans le pays au cours de l’année 2022. On parle de 13,1% des nouvelles immatriculations octroyées cette année là.
Et ce n’est que le début, car si l’on en croit les déclarations d’Emmanuel Macron, l’objectif fixé au niveau national est très clair : dès 2035, 100% des nouveaux véhicules immatriculés devront être électriques, la finalité étant qu’en 2050 il n’y ait plus que ce type de véhicules en circulation dans le pays !
Mais dans le même temps, on entend souvent dire que les voitures électriques ne sont pas si « eco-friendly » que ça. Alors qu’en est-il vraiment ? Émet-on plus, ou moins de gaz à effet de serre en nous déplaçant en voiture électrique plutôt qu’en voiture thermique ? 🤔 On se penche sur le sujet dans cet article !
Les voitures électriques : plus écolos que les voitures thermiques ?
Les émissions à l'usage
Dire qu’on veut rouler à l’électricité, ça sonne bien ! Pas d’émissions à l’usage, pas de gaz tout gris qui sortent du pot d’échappement, … On imagine assez facilement que ce doit être beaucoup plus propre que de rouler au pétrole. Mais attention quand même : cette électricité, encore faut-il la produire ! Et à ce niveau là, la France est loin d’être parfaite puisqu’une part majeure (plus de deux tiers) de notre électricité provient encore des centrales nucléaires. Le restant est produit par les énergies renouvelables, et dans une moindre mesure par les centrales thermiques.
Cependant, si le nucléaire apporte son lot de risques et de problèmes, il présente au moins l’avantage de produire de l’énergie dite « décarbonée ». Autrement dit, la production d’électricité par les centrales nucléaires génère très peu d’émissions de CO2, en comparaison de ce que peuvent émettre les centrales thermiques, et en particulier les centrales à charbon.
En roulant à l’électricité en France, on génère donc nettement moins d’émissions de gaz à effet de serre qu’en roulant au pétrole ! L’écart est toutefois beaucoup moins marqué dans d’autres pays, et notamment dans ceux qui produisent une part importante de leur électricité grâce à des centrales à charbon.
Source : Carbone 4 (https://www.carbone4.com/analyse-faq-voiture-electrique)
Données exprimées en grammes de CO2eq par km, sur une base de 200 000 kms parcourus en circulation
Les émissions sur le reste du cycle de vie des voitures
Mais pour éviter toute comparaison biaisée, il faut prendre en compte les émissions qui interviennent tout au long du cycle de vie des véhicules, depuis l’extraction des matériaux qui les composent jusqu’à leur recyclage (seulement partiel jusqu’à présent) en fin de vie. Pas seulement celles qui sont générées pendant leur utilisation !
Et justement, il se trouve qu’une voiture électrique est plus polluante à fabriquer qu’un véhicule thermique de taille équivalente. Cette pollution supplémentaire provient essentiellement d’un élément bien précis : la batterie !
Des batteries beaucoup plus lourdes
Et oui ! Pour rouler à l’électrique tout en ayant une autonomie raisonnable, il faut pouvoir stocker l’électricité en conséquence. On se retrouve alors avec des batteries d’un poids colossal : environ 300 kg pour celles qui équipent les petits modèles de voitures électriques, type Renault Zoé (pour une autonomie de 200 à 300 kms). Dans certaines Tesla dont l’autonomie dépasse les 500 kms, la batterie peut même peser jusqu’à 600 kg !!
Or logiquement, plus un véhicule est lourd, plus il faut d’énergie pour le faire avancer ! Quitte à rouler en voiture électrique, il est donc pertinent d’aller jusqu’au bout de la démarche et d’opter pour un véhicule léger et de petite taille (type citadine), de sorte à optimiser au maximum sa consommation d’énergie. Les SUV électriques, on oublie !
Les batteries de véhicules thermiques, pour leur part, sont évidemment beaucoup moins lourdes (entre 10 et 30 kg généralement), puisqu’elles n’ont pas à stocker, puis à fournir autant d’électricité.
L'extraction et le recyclage des métaux qui composent les batteries
Pour produire toutes ces batteries, on a besoin de différents métaux (lithium, cobalt, cuivre, graphite, nickel, manganèse, aluminium, …). On va donc extraire ces métaux dans des mines situées aux quatre coins du monde et les raffiner, avant de les transporter, de les transformer et de les assembler. On se doute bien que l’impact environnemental de ce processus est loin d’être neutre, et on ne parle même pas de l’aspect social et des conditions de travail dans lesquelles tout cela s’opère ! 😕
Donc évidemment, plus on veut produire des batteries à grandes capacités de stockage, plus les quantités de métaux nécessaires pour les fabriquer sont conséquentes, et donc plus l’empreinte carbone de ces batteries est élevée !
Pour nous aider à voir plus clair dans tout cela, les constructeurs pourraient prochainement être contraints d’établir un « passeport batterie » pour chaque nouvelle batterie de véhicule électrique fabriquée. Ce document contiendrait un certain nombre d’informations, dont la date et le lieu de fabrication de la batterie, sa capacité, et sa durée de vie estimée. Sa composition, son empreinte carbone, ou encore le niveau de respect des droits humains dans son processus de fabrication, pourraient également y figurer.
Enfin le recyclage des batteries est encore très insuffisant pour l’instant (moins de 5% des batteries Li-ion en fin de vie seraient actuellement recyclées). Cependant, on peut s’attendre à ce que la filière de recyclage se développe dans les années à venir, et fournisse des quantités croissantes de métaux réutilisables dans de nouvelles batteries ! Cela limiterait les quantités de ressources à extraire, et améliorerait le bilan carbone des nouvelles batteries.
La dette carbone des véhicules électriques
En sortie d’usine, une voiture électrique a une empreinte carbone largement plus élevée qu’une voiture thermique de taille équivalente. En cause : la fabrication d’une batterie beaucoup plus volumineuse, comme on vient de le voir.
Sauf qu’à la base, si on fabrique des véhicules électriques, c’est quand même pour qu’ils polluent moins que les véhicules thermiques ! On considère donc que la voiture électrique part avec une « dette carbone » vis-à-vis de la voiture thermique, dette qu’elle « remboursera » petit à petit en émettant moins de gaz à effet de serre (GES) que sa concurrente à chaque kilomètre qu’elle parcourra.
La dette carbone d’un véhicule électrique correspond à son empreinte carbone en sortie d’usine, moins l’empreinte carbone d’un véhicule thermique équivalent, post-production également.
Comme on peut le voir ici, privilégier l’achat d’une voiture électrique ne peut être « rentable » en terme d’émissions de GES évitées, qu’au bout d’un certain nombre de kilomètres parcourus ! Le type de véhicule (citadine, SUV, …), et le fait que l’électricité utilisée soit décarbonée ou non, influent fortement sur le nombre de kilomètres à parcourir avant que la voiture ait remboursé sa dette carbone.
La voiture électrique : un moyen de transport écolo ?
Au final, sur l’ensemble de son cycle de vie, une voiture électrique peut avoir un bilan carbone largement inférieur à celui d’une voiture thermique équivalente, à condition :
- Que l’électricité utilisée soit majoritairement décarbonée
- Que la voiture soit de taille raisonnable
- Que la voiture atteigne un kilométrage suffisamment élevé en fin de vie
Et puis l’autre avantage majeur des véhicules électriques, c’est qu’ils n’émettent aucun gaz d’échappement. Les seuls polluants qu’ils génèrent en roulant sont les particules fines provenant des pneus et du système de freinage. En somme, si on ne peut pas dire que les véhicules électriques préservent la qualité de l’air, il est clair qu’ils la détériorent beaucoup moins en roulant que ne le font les véhicules thermiques !
Enfin, les voitures électriques sont très silencieuses. La pollution sonore est limitée au strict minimum, ce qui est particulièrement appréciable en ville.
Donc si on raisonne uniquement en termes d’émissions de gaz à effet de serre et de bien-être dans les villes, les véhicules électriques l’emportent facilement sur les véhicules thermiques. Si vous devez absolument acheter une nouvelle voiture, on vous encourage donc à opter pour un modèle électrique !
Pour autant, la voiture électrique est-elle un moyen de transport réellement écolo ? Est-ce vraiment le moyen de transport du futur ? On aborde tout ça en détails dans notre prochain article sur le thème des voitures électriques ! 😊
Publication : octobre 2023.